Première semaine de travail. L’installation a pris forme. On s’écoute, on se conseille, on se répond. On se nourrit les uns des autres, on pique des idées, on en valide certaines, on en rejette quelques-unes.

Le droit d’être constant et la liberté d’être instable.

Premiers essais en grand. Le parti-pris de se cloisonner à l’intérieur de la structure rejaillit sur le propos et l’ambiance globale. Il n’y a pas que ça, bien sûr.

Un peu plus noir ? Moins ouvertement ludique ? Une voix s’élève, avec justesse (car l’honnêteté et le ressenti sont toujours précieux). Et si le spectacle était trop dur pour les classes de maternelle qui nous rendront visite ?

La discussion s’anime, d’une richesse rare. L’artiste doit-il se soucier du public et créer pour le futur visiteur avant de faire pour lui ? Qu’est-ce qui est effrayant quand un Père Noël de centre commercial traumatise un enfant ? Quel rôle doivent prendre les adultes face aux pleurs d’un petit ? L’art doit-il éviter de faire peur ou est-ce, au contraire, l’un de ses objectifs ? L’enfant posera des questions, nécessairement. Et l’adulte, ne sera-t-il pas oppressé lui aussi ? Enfin, peut-on juger un spectacle tant qu’il est en cours de création ? 

… Et si le collectif Ôssilà a une image de marque depuis Chem Chemin Chemin-art et Didôme, doit-il respecter ce contrat tacite ou s’en défaire ?


Le sol se couvre de cartes, le tissu s’anime, les textes se déploient, la bande-son envoûte, un insecte géologique se met à bouger, des étoiles apparaissent, des trous se creusent. Tout ça donne à voir au-delà des lisières.

Le soleil tape, le drapeau flotte bien haut, des amis viennent répéter un prochain spectacle de danse au son d’un violoncelle magique. Les mots, les paroles, les doutes et les illuminations.

Ça avance.


Sylvain.






photos Jeanne Saint-Julien.